Entier, controversé, violemment attaqué sur le terrain comme en justice, le capitaine Paul Watson est l’acteur incontournable de la défense du monde marin depuis plus de 45 ans, parfois au péril de sa vie. A 73 ans aujourd’hui, cette homme refuse toujours les compromis. Une détermination qui vient de loin, comme le montre le remarquable documentaire de Lesley Chilcott. Sorti en 2019, prix du public au très prestigieux festival de Tribecca, aux Etats-Unis, ce film de 90 minutes offre un aperçu inédit sur cet eco warrior, entre interview fleuve passionnante et images d’archives saisissantes.
En décembre dernier, Paul Watson nous accordait une longue interview suite à l’annonce de sa scission avec Sea Shepherd Global – mouvement coordonnant les communications et la logistique de la flotte Sea Shepherd lors de campagnes en dehors des États-Unis –. L’Américain en était le fondateur, aussi tous s’interrogeaient : qu’allait devenir Sea Shepherd, l’ONG de défense des océans la plus combative au monde ? Ce coup d’éclat marquait-il sa fin ? C’était mal connaître l’Américain. Soucieux de préserver l’ADN de son organisation, le capitaine, qui a consacré toute sa vie à la défense du monde marin, créait en novembre dernier une coalition parallèle, Sea Shepherd Origins, aux côtés des leaders nationaux de Sea Shepherd France, Royaume-Uni et Brésil. Car, fidèle à ses convictions, ce personnage haut en couleur, cauchemar des baleiniers, continuait de refuser tout compromis, y préférant la « non-violence agressive » sur le terrain. Agé alors de 72 ans, Paul Watson continuait son combat et n’avait pas l’intention de lâcher, en dépit des divisions internes au sein de Sea Shepherd, mouvement qu’il a créé à la suite de son départ de Greenpeace, en 1977. Son moyen d’action favori ? La non-violence agressive.
Pour comprendre comment sa détermination est restée intacte, il faut regarder le documentaire de Lesley Chilcott. Avant de s’attaquer au portrait de Paul Watson, cette écologiste convaincue s’était déjà illustrée en 2006 avec la coproduction de « An inconvenient truth » (une vérité qui dérange), documentant les efforts de l’ancien vice-président Al Gore pour lutter contre le changement climatique. Film qui lui valut deux Oscars, dont celui du meilleur documentaire. Avec « Wilson », tourné aux États-Unis, au Costa Rica et au Royaume de Tonga elle revient aux origines du mouvement et donc à la jeunesse douloureuse de celui qui deviendra le militant le plus redouté des pilleurs d’océans, sorte de super-héros de la lutte contre le crime en haute mer.
Le père de Watson était violent et sa mère, dont il parle avec adoration, meurt quand il n’a que 14 ans. Fugueur en série, il connaît les foyers et y découvre la violence. Il trouve sa voie à son arrivée à Vancouver à la fin des années 60 en embarquant comme matelot sur un navire marchand. À son retour, il participe à la création de Greenpeace, se mettant en danger pour protéger les mammifères marins. Mais ses interventions audacieuses lui valent d’être exclu du conseil d’administration de Greenpeace. Il lance alors Sea Shepherd avec un équipage hétéroclite et un seul navire. Quatre décennies plus tard, ce groupe d’action directe comptait des sections dans le monde entier et une flotte internationale de 13 navires, la plus grande marine privée du monde.
« Watson », c’est donc la vie passionnante de l’une des figures les plus importantes du mouvement mondial pour la protection de l’environnement. Mais ce film nous emmène également dans le monde des océans et de leur biodiversité menacée grâce à de vastes archives vidéo, à des anecdotes personnelles de Paul Watson et à des prises de vue sous-marines d’une beauté fascinante. Un monde pour lequel on doit se battre, encore et toujours, rappelle inlassablement l’écologiste. Imperméable aux menaces, celui qui a déjà affronté des navires baleiniers illégaux de l’Europe à l’océan Austral, des chasseurs de phoques au Canada et des découpeurs d’ailerons de requins en Amérique centrale, continue d’intervenir au nom de ses « clients », les créatures océaniques menacées par la surpêche et les activités illégales en haute mer, alors que plus d’un pays a émis des mandats d’arrêt à son encontre.
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