La mer, ça le rend malade, Xavier. Imperturbable sur les pistes – son palmarès en témoigne : 4 x champion du monde de Boardercross et 3 x vainqueur du Freeride World Tour – la moindre vaguelette lui met l’estomac à l’envers. Pourtant, lorsqu’Aurélien Ducroz, double champion du monde de ski freeride, se retrouve embarqué sur la Transat Jacques Vabre avec le navigateur Louis Duc à bord du Crosscall Chamonix-Mont-Blanc, s’est bien vers lui qu’il se tourne pour glaner un conseil à glisser dans sa websérie.
A moins de dix jours du départ de la Transat, la tension monte. Et Aurélien Ducroz n’en finit pas de faire le tour de ses amis de toujours pour régler leur compte aux angoissantes questions qui l’assaillent. Un problème de winch ? Cédric Gracia, champion du monde de VTT de descente, le déstresse dans son premier épisode. Une question de trajectoire ? Qui mieux que Luc Alphand pour lui répondre dans son deuxième épisode. Enfin si quelqu’un pouvait bien lui « apporter la confiance », c’est bien Tony Lamiche dans l’épisode trois.
Reste le délicat chapitre « alimentation du navigateur ». Dossier capital lorsqu’on sait que pour parcourir les 7 000 kilomètres reliant Le Havre à Salvador de Bahia, l’Italien Giovani Soldini mit 22 j 13 h 02 min 05 s en 2007 et le Français Thomas Coville, 7 j 22 h 7 min 27 s dix ans plus tard. Largement le temps de fantasmer sur un bon repas. Et là, Xavier de Le Rue s’impose dans l’épisode quatre. Le dernier avant le coup d’envoi de la Transat Jacques Vabre, le 27 octobre.
Pourquoi Xavier de La Rue ? Sans spoiler la vidéo, explications des deux intéressés.
Aurélien Ducroz :
J’ai rencontré Xavier alors qu’il atomisait sur le World Tour. Trois années consécutives pour lui ! Et deux de mon côté. C’était fort d’avoir ces victoires côte à côte. On a souvent skié les mêmes lignes. Rare qu’un skieur et un snowboardeur s’entrainent ensemble. Mais lui et moi on a toujours eu une vision de la montagne assez radicale, assez « directe », si tu vois ce que je veux dire !
On a aussi passé beaucoup de temps ensemble devant un bon repas, notamment au Canada, où en 2011, on était en tournage pour Eurosport. Alors quand dans la websérie je m’imagine sur le bateau, devant mes pauvres lyophilisés … c’est le flashback de ces moments partagés qui surgissent.
Xavier de Le Rue :
Depuis une quinzaine d’années on a pas mal de passions en commun, avec Aurélien. J’ai de beaux souvenirs de compétitions avec lui. A Tignes en 2009, par exemple, quand on a partagé une ligne. Ou encore, des rides côte à côte, à fond dans les bois.
On aime aussi tous les deux la bonne bouffe. Je cuisine un peu, parfois un bon petit pot au feu, ou du poisson. Alors de l’imaginer à bord bouffer ces trucs … Pour la websérie, j’ai préparé une fondue. Je le chambre un peu « et toi, tu manges quoi ??? »
En mer, je n’ai rien à apporter à Aurélien ! Il a bien essayé de m’y embarquer, mais deux-trois heures passées sur son petit bateau ont suffi pour me rendre malade. Et puis c’est plutôt spartiate à bord. Ça ne m’a du tout donné envie. Mais je suis son évolution en voile. Franchement, je suis impressionné. Il a déjà derrière lui une carrière de skieur et maintenant, de marin. Respect !
Me lancer moi aussi dans un autre sport à haut niveau ? Non, je n’ai plus envie de me remettre à fond dans la compétition. 22 ans de snowboard, ça suffit. Cette partie de ma vie, je l’ai faite. Je m’éclate plutôt à toucher un peu à tout : escalade, surf ou parapente. Ce qui me motive maintenant, c’est d’aller dans la nature, d’apprendre, d’explorer. Je suis moins dans la performance, je joue moins avec mes limites. A l’époque, je me suis fait parfois un peu peur, mais le jeu n’en vaut plus la chandelle. J’ai moins besoin de me prouver des choses, ça ne me fait plus du tout vibrer. Et puis je suis à nouveau papa … Je suis plus dans l’expérience du moment.
Envie d’en savoir plus sur l’aventure d’Aurélien Ducroz et Louis Duc? Lire aussi : Webserie : Le freerider Aurélien Ducroz fait appel à ses potes pour sauver sa peau en mer.
Photo d'en-tête : Eric Gachet