Depuis dix ans, Le Suisse Kim Pasche passe plusieurs mois par an au plus profond de la forêt sauvage, afin de questionner la vie primitive. Un voyage dans l’espace et le temps, entre deux mondes, de notre civilisation moderne jusqu’à l’aube de l’humanité, dont il sort enrichi spirituellement, mais pas toujours indemme. Un documentaire de 1h15 réalisé par Antoine Plantevin pour la Télévision Suisse Romande.
Kim Pasche n’a que vingt ans, quand pour la première fois il quitte Moudon, dans le Canton de Vaud, et la Suisse, pour s’enfoncer, pieds nus, au cœur du Grand Nord canadien. Au bout de la piste, les origines de l’Homme qu’il cherche et questionne depuis son plus jeune âge. Passionné d’archéologie et de vie sauvage, il expérimente les techniques et les réalités de la vie primitive dans les immensités du Yukon, territoire situé aux confins du Canada. Son but ? Toucher l’origine des choses… Une quête qui l’anime depuis l’enfance où très tôt il tente de percer les secrets des gestes du quotidien, jusqu’à passer des étés entiers à tenter de faire du feu avec deux bouts de bois, tailler du silex et fabriquer tout ce que la nature permet de faire. Avec la découverte des spécialistes de la vie primitive, un nouvel horizon s’ouvre alors à lui : « l’archéologie expérimentale », qu’il pratique au travers de stages ou de collaboration avec des musées de Suisse Romande.
Mais très vite il rêve d’un espace loin de la civilisation où il pourra s’approcher au plus près des conditions de vie d’un chasseur cueilleur. Ce sera le Yukon, dans le grand Nord. Un territoire vaste comme l’Espagne, quasiment vide d’humains où il s’évade cinq mois par an. C’est là que la caméra d’Antoine Plantevin le suit dans son quotidien. On l’y voit chasser, pêcher, créer des outils préhistoriques, arcs ou haches, construire une hutte pour bivouaquer quelques nuits et explorer différentes techniques de construction. Mais aussi, et c’est une surprise pour lui, se créer, s’imposer, des rituels quotidiens – sans doute l’une des caractéristiques de l’être humain – pour structurer sa vie, marquer le temps, face à l’inconnu et à l’aléatoire qui l’entourent.
A l’issue de ces longues semaines, seul en pleine nature, la solitude lui pèse parfois, mais le retour en Suisse est chaque année plus difficile. « En anglais », raconte Kim Pasche, « on dit de quelqu’un qui a passé trop de temps dans la forêt ou dans les immensités sauvages :« He’s bushed », il est « emboisé », si on peut utiliser cette expression. C’est littéralement être absorbé par la nature au point que la part d’humanité fond. Ca ne veut pas dire que ces gens sont en danger dans la nature, mais qu’ils le deviennent quand ils retournent parmi leurs semblables ». Reste que Kim Pasche continue ces voyages entre deux mondes. Pourquoi ? Par besoin, avoue-t-il, de partager avec ses semblables…
Un documentaire un peu lent au début, mais qui questionne et auquel on se laisse prendre.
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