Il a prouvé lors de sa désormais célèbre « Farandole des Ecrins », réalisée l’été dernier qu’il pouvait encaisser les kilomètres et le déniv’. Un parcours de santé de 313 km et 24 600 D+ mêlant trail et alpinisme, histoire de relier l’intégralité des refuges du massif des Ecrins. Le tout en six jours. Reste à Paul Bonhomme à vérifier s’il peut pousser un peu la machine. Quoi de mieux que parcourir les Alpes au pas de course, de Ia mer Adriatique à Ia mer Méditerranée ? Soit 2650 kms et 150 000 D+. Et en 28 jours si possible, ce qui reviendrait à battre le record du Belge Karel Sabbe, qui l’a fait en juillet 2021 en 30 jours et 8 heures. Mais comme à son habitude, Paul Bonhomme préfère la notion de partage à celle de performance, renouant avec le sens initial de la Via Alpina. À la veille de son départ, prévu demain, samedi 8 juillet, à Muggia, à Italie, voici comme le suivre sur le parcours, heure par heure. L’occasion de faire le point avec lui sur ses objectifs et sa préparation.
La Via Alpina, « je l’avais dans un fond de ma tête depuis que Patrick Berhault avait traversé les Alpes en 2001″ se souvient Paul Bonhomme, 48 ans. « Je m’étais dit qu’un jour, je tenterai de la faire à pied. Mais à l’époque, je pensais y aller en marchant vite, pas en courant. […] Mais l’année dernière, j’ai vu que je pouvais empiler un peu de kilomètres assez facilement, 90 kilomètres tous les jours. J’ai aussi échangé avec Benjamin Védrines qui m’a dit que mon effort sur la Farandole des Ecrins ressemblait beaucoup à ce que faisaient les gens sur la Via Alpina. J’en suis donc venu à m’intéresser à nouveau à ce sentier ».
Quand on lui parle de record, de performance, le guide de haute montagne savoyard basé à Annecy, tempère : être l’homme le plus rapide sur la Via Alpina n’a jamais été son objectif. « Après avoir bouclé l’ultra trail de Serre-Ponçon, je me suis posé, j’ai repris les traces de Karel Sabbe [record de 30 jours 8 heures, ndlr] et de Guillaume Arthus [premier temps de référence en autonomie, ndlr]. J’ai ensuite essayé de faire des étapes cohérentes. Et au final, je suis tombé sur 28 jours. C’est comme ça que ça s’est passé. Je ne suis pas parti en me disant : ‘Je vais battre le record et j’essaie de découper des étapes pour ça’ […] Ce qui m’intéresse c’est de voir où je peux pousser mon corps ».
« Après, il y a deux autres objectifs importants », poursuit Paul. « D’abord, redonner un peu vie à cette Via Alpina, remettre un focus sur ces chemins de randonnée qui traversent l’Europe au mépris des frontières, qui rassemblent la culture, les paysages des Alpes. Il y a tout un pan de la Via Alpina que je ne connais absolument pas. Et je sais que je vais trouver des choses assez homogènes entre le Mercantour, l’Autriche, le Liechtenstein, etc. Et puis, l’idée aussi, c’est de partager un maximum, en invitant les gens à venir courir un bout avec moi, et aussi en lançant l’opération 1 kilomètre = 1€ pour les enfants avec l’association Les Petites Etoiles [qui aide les enfants en difficulté – maladie, handicap – et les familles, ndlr] ».
« Je me suis dit qu’il fallait que je fasse mes entraînements le plus seul possible, que ce soit difficile mentalement »
« Avoir bouclé la Farandole des Ecrins l’été dernier m’a apporté de la confiance pour la Via Alpina. De l’envie aussi. L’année dernière, quand j’ai fini ce projet, j’avais envie de continuer. Je commençai à me sentir bien, à entrer dans ce rapport un peu charnel avec la montagne, avec la nature. J’ai donc été un peu frustré de m’arrêter. C’est aussi ça qui m’a donné envie d’aller faire plus long » explique Paul qui s’est rapidement lancé, il y a un an, dans une préparation spécifique.
« Début septembre, après l’ultra-trail de Serre-Ponçon j’ai très vite recommencé à courir » relate-t-il. « J’avais déjà un peu la Via Alpina en tête. Mais comme j’ai senti quelques douleurs, j’ai baissé l’intensité jusqu’en novembre. […] À ce moment-là, j’ai réalisé que je ne pouvais pas continuer à m’entraîner tout seul, qu’il allait me falloir de l’aide. J’ai alors demandé à un préparateur physique, Cédric Bernard, de me donner deux/trois conseils. Il est venu chez moi avec un plan d’entraînement. À partir de décembre, il m’a coaché, à distance. Il m’envoyait tous les mois ce que je devais faire, en adaptant avec mon travail parce que je continuais à bosser. […] Ca s’est hyper bien passé. J’avais trois types d’entraînement : de la course à pied sur du plat pour travailler mes allures de course (je ne savais pas courir, on m’a appris à le faire), du trail (des séances pas trop longues entre deux et cinq heures grand max), et un peu de renforcement musculaire. Et en plus de ça, s’ajoutent les 70/80 journées de guide, ça aussi c’était considéré comme de l’entraînement, du travail de fond […] En même temps, je me suis dit qu’il fallait que je fasse mes entraînements le plus seul possible, que ce soit difficile mentalement. Depuis décembre, la plupart de mes entraînements en trail et en course à pied ont eu lieu sous la pluie. […] J’allais courir entre une et cinq heures tous les jours. Ce n’était pas simple. Tu travailles ton mental quand tu t’entraînes”.
Comment suivre Paul Bonhomme sur la Via Alpina ?
Un entraînement qui semble avoir payé puisque Paul semble en forme à deux jours du grand départ. « Physiquement ça va. Et puis, il annonce beau. Ca va être chouette. Comme d’habitude, je vais prendre les choses une par une, une semaine après une semaine, un jour après jour, voire même un pas après l’autre quand ce sera dur ». Pour le suivre, rien de plus simple : via un live tracking et en suivant le hashtag, #zerotozero2023 sur les réseaux. Et pour partager un bout de chemin avec Paul, vous pouvez également vous inscrire ici.
Photo d'en-tête : @linkaproduction / @chriangot